Quand la solidarité permet d’affronter tous les obstacles !

Pour surmonter la crise sanitaire, une entraide exceptionnelle s’est mise en place entre familles, professionnels de LADAPT et personnes accompagnées. Nous avons rencontré deux familles, dont les proches résident au foyer d’accueil médicalisé Casimir Caron dans le Val d’Oise.
Mathieu est le fils de Françoise Noël. Il a 41 ans et partage sa vie entre le foyer, son travail à l’ESAT et les visites à la maison. Jean-Marc Colet a repris la tutelle de son frère Franck, il y a dix ans. Franck vit au foyer et est accompagné par le centre d’accueil de jour de Soisy-sous-Montmorency.
Comment s’est déroulé le premier confinement de mars à mai 2020 ?
Françoise Noël : Mathieu est revenu à la maison où la vie s’est organisée. Nous avons trouvé des activités : cuisine, puzzles, jeux vidéo… Le fait d’être en famille a rassuré Mathieu car l’actualité anxiogène le préoccupait. Nous avons donc pris du temps pour lui expliquer. Finalement, nous avons tous apprécié cette période passée ensemble.
Jean-Marc Colet : Pour Franck, il était plus facile de passer le confinement au foyer entouré de ses connaissances plutôt que seul avec moi. Cette période fut difficile car Franck a été contaminé par la COVID-19 et placé sous oxygène pendant quelques jours. L’équipe médicale a assuré un suivi très rigoureux ce qui a permis à mon frère de récupérer rapidement.
Comment se sont organisées les relations entre les professionnels et les familles ?
Françoise Noël : Nous avions régulièrement des nouvelles du foyer par téléphone. Lors de ce premier confinement, il y avait une pénurie de matériel de protection. Avec d’autres familles, nous nous sommes mobilisées pour confectionner cet équipement. Mathieu m’a aidé à coudre des sur-blouses à partir de voiles de jardin. Je lui avais expliqué comment le virus circulait et il était heureux de pouvoir aider ses camarades restés au foyer ! C’était très important pour nous d’apporter notre soutien aux équipes.
Jean-Marc Colet : Il y a eu une mobilisation très importante des professionnels qui ont exercé toutes les fonctions. J’ai senti que la relation avec mon frère avait évolué. Les éducateurs ont passé plus de temps avec les personnes pour les rassurer et davantage de complicité s’est créée. De mon côté, j’étais très inquiet et j’avais besoin d’informations claires. Les éducateurs ont fait preuve de beaucoup d’écoute et ont innové en organisant des séances en visioconférence. C’était frustrant car je ne pouvais pas serrer mon frère dans mes bras mais il a fallu s’adapter.
Comment se sont passées vos vacances d’été ?
Jean-Marc Colet : Quand nous avons retrouvé la possibilité de circuler, nous sommes partis en Bretagne. Ces retrouvailles ont été un moment fort. Nous avons fait de nouvelles activités comme de la piscine. Une façon pour Franck de remettre son corps en mouvement mais aussi de se détendre.
Françoise Noël : Pour nous également, ce furent des vacances en famille. Un vrai moment de bonheur de nous retrouver tous ensemble !
Comment la vie a-t-elle repris son cours depuis le mois de septembre ?
Françoise Noël : Fin août, Mathieu est retourné vivre au foyer. La vie a repris son cours même si les professionnels restent toujours très vigilants. Les personnes accompagnées sont testées régulièrement et isolées en chambre si elles sont positives. Avec le deuxième confinement, Mathieu est resté au foyer et a poursuivi son activité professionnelle à l’ESAT, dans des conditions sanitaires strictes. Il continue de nous rendre visite mais cela se passe différemment : il retourne au foyer plus tôt le dimanche avec contrôle de température.
Jean-Marc Colet : En septembre, Franck est également retourné au foyer et au centre d’accueil de jour. Il vient me rendre visite à la maison tous les 15 jours où il passe plus de temps à jouer du piano puisque les cinémas sont fermés !
Que retiendrez-vous de cette période ?
Françoise Noël : Cette période nous a permis d’appréhender ensemble cette situation inédite. Nous avons essayé à notre niveau, de mettre nos compétences au profit des autres. Nous avons surtout apprécié d’avoir notre fils à nos côtés pour lui apporter un réconfort moral. Au foyer, la situation a été plus critique, mais les professionnels ont su faire face activement ! Ils se sont dévoués et n’ont pas hésité à donner de leur temps et de leur énergie. Encore bravo à vous tous !
Jean-Marc Colet : Sans le précieux accompagnement du personnel du foyer, sans la solidarité entre les familles, pour tenter de pallier le manque de matériel, pour se passer des informations, s’encourager et se rassurer, pour soutenir « à distance » l’équipe, à pied d’œuvre, au foyer : la situation aurait été bien différente ! Merci et bravo à tous, personnels et « résidents », pour votre adaptabilité et votre élégance dans l’adversité !
- Mots-clés :
- isolement
- handicap
- accompagnement
- covid-19
- solidarité

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